Peut-on vraiment parler d'appropriation culturelle lorsqu'une femme blanche-caucasienne se fait faire des tresses africaines ?
C'est LA question qui agite le plus les réseaux sociaux (et associaux) ces derniers temps.
De plus en plus de femmes européennes osent se tresser les cheveux à l'africaine !
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Ce qui ne manque pas de créer la polémique autour de cette coiffure si particulière.
Certains considèrent qu'elle ne doivent pas imiter ce tressage, quand d'autres pensent, au contraire, que chacun a le droit de se coiffer comme il l'entend.
Du coup, chaque mois, des milliers d'internautes s'interrogent sur cette possible appropriation capillaire.
Les meuf blanche qui font des tresse africaines ca genes les meuf renoi, mais pk les homme blanc qui font des tresse africaine ca gene pas les hommes noir !?
— k🅰️🔱ZzeR (@kaizzersauze) July 3, 2019
Il est donc temps d'apporter quelques éléments de réponse à ce débat interminable.
Histoire de savoir enfin si, oui ou non, une blanche peut opter pour des tresses africaines sans être accusée d'appropriation.
(© Capture d’écran | Chaîne de ODY sur YouTube)
Qu'est-ce que l'appropriation culturelle ?
Reportage d'Arte sur le concept d'appropriation culturelle. (© Capture d’écran | Chaîne de Vox Pop - ARTE sur YouTube)
On le sait tous, le continent africain a fait l'objet de nombreux pillages par les puissances occidentales blanches au cours des siècles passés.
Des milliers d’œuvres d'art africaines ont fini dans les musées européens, sans jamais être totalement restituées...
Or aujourd'hui, malgré l'abolition de l'esclavage, malgré la repentance de certaines nations du Vieux continent, il y a toujours une démarche de spoliation des bien immatériels en Afrique.
Par exemple, la chanteuse Madonna s'est affichée en tenue berbère marocaine pour promouvoir son album.
Certains l'ont accusé d'avoir pillé la culture traditionnelle de ce peuple.
D'autres pensent qu'elle n'a pas le droit, en tant que femme blanche européenne, de porter ces tenues Imazighen.
Pourtant, la chanteuse s'est défendue en expliquant qu'il ne s'agissait là que d'un "hommage", et non d'une tentative de détournement des traditions ancestrales marocaines.
Cela n'a pas empêché les internautes de la surnommer la "Queen de l'appropriation culturelle".
En effet, les musées occidentaux sont remplis d'artefacts produits par des minorités autrefois colonisées, désormais spoliées de leurs ressources énergétiques.
C'est donc une forme de néo-colonisation (ou néo-domination) par les puissances dominantes occidentales.
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La tendance des tresses africaines chez les femmes blanches
(© Capture d’écran | Chaîne Le Studio Girly sur YouTube)
Et ces derniers temps, de nombreuses femmes blanches européennes ont massivement adopté toute une série de coiffures africaines.
La tresse, qui est une tradition multi-séculaire en Afrique, est aujourd'hui devenue une mode en Europe.
Sur YouTube, vous trouverez une pléiade de tutoriels pour vous expliquer comme vous tresser les cheveux à la mode africaine.
La plupart de ces vidéos sont faites par des femmes racisées, mais il y a de plus en plus de caucasiennes qui se positionnent sur ce créneau capillaire.
Enft pourquoi quand une personne blanche fait des tresse ou une coiffure Africaine on dit que c’est de l’appropriation de culture ?
— 17 (@gazngx) September 4, 2020
À tel point que ces YouTubeuses ont pu récolter des millions de vues rien que sur cette thématique sans jamais rendre hommage aux véritables origines de cette coupe.
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On voit même des blondes s'approprier les tresses africaines sur un certain nombre de vidéos à caractère pédagogique.
Dans les commentaires, on peut observer des remarques moqueuses, voire même des insultes, quand ce ne sont pas des menaces...
Peut-on alors parler d'appropriation ou bien d’appréciation culturelle ?
Il est évident qu'en société, il y a une classe dominante et une classe dominée.
Et que tout objet approprié par les dominants sur les dominés constitue une forme de "spoliation" culturelle.
Ceci dit, il n'y a pas forcément de "monopole capillaire" sur les tresses.
Chacun peut opter pour cette, sans pour autant se prendre des quolibets plein la figure.
Le silence prévaut face aux critiques.
Après tout, les blanches (ou les blancs) ont bien le droit de s'indigéniser, n'est-ce pas ?
Pour le moment, aucun texte de loi ne les en empêche.
Techniquement parlant, ils ne sont donc pas hors-la-loi.
